Oyé, oyé bonnes gens!

Je passe au JT sur TF1 à 13h aujourd'hui! 

Je vois d'ici votre stupéfaction, mêlée d'une touche d'admiration vaguement effrayée:

"Elle a le bras long, Lafloflo!

Invitée chez Jean Pierre Pernaut, 24h après l'édition de son bouquin, chapeau bas!"

 

Bon d'accord, vous me connaissez, j'adore jouer avec et sur les mots, et parfois en faire des tonnes... 

Je reprends donc cet intitulé ravageur et détaille la réalité, moins extravagante qu'il y semble au premier abord. Meuhh non, j'ai pas le bras long!

Ma soirée d'hier soir a cependant été totalement loufoque!

Je décide de fêter la sortie de mon bouquin "en amoureux" avec mon cher et tendre, afin qu'il prenne la pleine mesure de l'évènement (il ne l'a pas encore relayé sur son mur Facebook, ni même lu, quelle honte, j'aurais dû le sortir en BD pour attirer son attention) bref il faut quand même marquer le coup, et je meure d'envie de déguster une belle assiette végétarienne dans un de nos restos favoris.

On ne réserve pas, un jeudi soir cela semble superflu, mais à peine passé le seuil je réalise que nous aurions dû. La salle n'est qu'à moitié pleine, mais dans le hall d'entrée sont installés 2 musiciens qui hélas sont en pleine démonstration, décibels à l'appui, du seul instrument qui me hérisse les poils à coup sûr: l'accordéon.

 

Et merde!

Hier soir débutaient à Tulle les "Nuits de Nacre", une manifestation hautement appréciée localement, qui met à l'honneur chaque année cet instrument, dans le berceau historique de sa fabrication et seul bastion à demeurer encore debout sur notre territoire. Tout le monde ici connaît les accordéons Maugein, même ceux qui comme moi ne sont ni musiciens, ni corréziens pure souche. C'est vous dire...

Un regard échangé en 1/10ème de seconde avec mon mari, un sourire entendu:

"On se casse, darling?"

Trop tard: Roland (le patron) vient vers nous, visiblement ravi de nous voir, il nous claque la bise et nous installe illico presto une petite table bien orientée vers la scène, impossible de battre en retraite.

"Ce soir, c'est un menu unique et spécial, du poulet aux écrevisses vous allez m'en dire des nouvelles!"

Ce que je pense à ce moment: "Put*** c'est super cher, c'est pas du tout ce que je voulais manger, je veux des LEGUMES, et surtout que ces accordéons se désintègrent dans la seconde, pitié, c'est horrible, sauve-qui-peut".

Ce que je dis en pratique: "Parfait, nous sommes là pour fêter un truc important et c'est plutôt inattendu, je n'apprécie pas l'accordéon mais c'est l'occasion ou jamais de tester, hein". (Sourire poli mais un peu crispé je suppose, je tente de me maitriser et de rester courtoise parce que je l'adore).

Alors voilà, la soirée débute et on rigole comme des fous, parce qu'on se retrouve plus ou moins de force parmi des tablées de personnes âgées visiblement enchantées et connaisseuses, au son de cet instrument qui nous insupporte tous les deux, mais Rodolphe parle déjà de mes royalties comme si nous allions faire fortune (je doute qu'ils soient suffisants un jour pour couvrir les frais de la soirée mais passons) et je rentre dans son délire avec enthousiasme.

Ils jouent "Amélie Poulain" en duo, je reconnais que ça claque bien, ils sont bons et je me détends, Roland nous apprend que ce sont des pointures, et c'est vrai qu'ils jouent avec une facilité déconcertante ce qui signe évidemment l'aisance des pros.

(Nota: j'ai "googlisé" pour trouver ces images, et je suis tombée sur les VRAIS musiciens d'hier soir!)

La soirée avance, nous sommes de plus en plus à l'aise grâce aux plaisanteries et au rosé, l'ambiance est bon enfant, notre humeur résolument joyeuse.

Puis soudain, je sens un truc dans mon dos, je me retourne et là, stupéfaction: un cameraman est posté juste entre nous, sa caméra XXL braquée sur notre table, il nous filme tranquillement et je réalise avec horreur qu'il a dû enregistrer aussi toutes les conneries qu'on a débitées depuis... depuis quand est-il là??

Fou-rire supplémentaire, on s'imagine passer aux infos locales un de ces jours, je félicite avec une pointe d'ironie Rodolphe qui a été inspiré en portant sa belle chemise à carreau de montagnard qui se fond à merveille dans l'ambiance et je regrette un peu mon absence de maquillage mais j'ai un brush d'enfer car j'étais chez la coiffeuse le matin, de dos ça devrait passer. Et puis je m'en fous, ho!

Je suggère à mon mari de prendre le cameraman en photo pour envoyer un MMS aux garçons ("Noé on a trouvé ton cadeau!") car nos garçons montent des petits films très drôles depuis cet été, et il a effectivement réclamé du matériel plus sophistiqué pour leurs créations. Le mec rigole, c'est l'arroseur arrosé et il poursuit son boulot encore quelques minutes. 

Et là, il nous balance nonchalamment: "Regardez les infos sur TF1 demain, vous passerez en fin de JT."

Merde alors!

Je manifeste mon embarras, je ne rigole plus du tout d'un coup, je lui explique immédiatement qu'il s'agit vraiment d'une erreur, un problème de casting, nous sommes au mauvais endroit au mauvais moment, pas corréziens, pas amateurs ni connaisseurs d'accordéons, bordel, et pas octogénaires!

Rodolphe est hilare, il me glisse: "Parle lui de ton bouquin" et je me décompose, à cet instant je voudrais disparaître dans une autre galaxie (pour être sûre de ne JAMAIS être reconnue, par PERSONNE) et le mec voit bien que je suis vraiment gênée. "Je peux vous couper au montage, si ça vous dérange à ce point".Nouvel échange visuel avec Rodolphe, nouveau fou-rire: "Non, c'est pas grave, elle survivra!"

Alors on a terminé la soirée en riant de plus belle, puis Roland est venu s'assoir avec nous en fin de service avec 3 coupes de champagne rosé à la main: j'adore vraiment ce patron, il avait retenu ma petite phrase initiale du début de soirée, où je lui signifiais qu'on était venus fêter un truc spécial, et il voulait en savoir plus. Ca a été un moment génial, et nous sommes restés jusqu'à la fin, 23h passées, sans perdre une miette du spectacle. Et en savourant!

La vie est parfois vraiment drôle.

J'avais prévu de passer une soirée en toute discrétion, de manger un truc simple, de me coucher tôt.

On s'est finalement goinfrés, imbibés, on a ri comme jamais, partagé des confidences, fait la fermeture avec le patron et les artistes dans une ambiance complètement décalée, et je passe à la télé.

Dois-je y voir (grâce à ma célèbre boule de cristal, et surtout mon esprit tortueux) un bon présage pour l'avenir de mon bouquin? Une fois lancé, il ne m'appartient déjà plus vraiment, peut-être est-il appelé à secouer mon quotidien à l'image de cette folle soirée?

Après tout, on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise...

Bises à tous!

 

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